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L’Europe tente de se rapprocher de l’Arménie

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L’Arménie et l’Union européenne ont signé, le 22 novembre, un accord visant à établir un partenariat entre Bruxelles et Erevan. Un petit signe qui ne doit pas faire oublier le poids de Moscou dans la politique arménienne.

Serzh Sargsyan, Président d’Arménie

L’Arménie, entre la Russie et l’Europe

Lors de l’indépendance, à la chute de l’URSS, l’Arménie est l’État du Caucase qui reste le plus proche de la Russie. Alors que la Géorgie tente un rapprochement vers l’Occident qui ne montre des signes de succès qu’à partir de 2003, et que l’Azerbaïdjan veut s’aligner sur un axe avec la Turquie et l’Union européenne, Erevan accueille une base militaire russe dès 1993 pour se protéger d’une potentielle menace turque en pleine guerre du Haut Karabakh. Ayant deux frontières fermées (Turquie et Azerbaïdjan), Erevan n’a d’autre choix que de se rapprocher de l’Iran, malgré les protestations américaines. La construction de l’Oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan finalisée en 2005, reliant le gaz de la Caspienne vers la Méditerranée et l’Europe, évite soigneusement l’Arménie à cause du conflit du Haut-Karabakh toujours non résolu. C’est ainsi que certains géopolitologues parlent d’un axe Etats-Unis-Europe-Turquie-Géorgie-Azerbaïdjan qui s’oppose à un axe Russie-Arménie-Iran.

Pourtant, l’influence de l’Occident n’a jamais été absente du paysage politique arménien. Bien que les dirigeants aient tous été formés dans le moule soviétique, certains partis d’opposition veulent le rapprochement avec l’Europe. La diaspora arménienne est également un important intermédiaire entre Erevan et le reste du monde. Toutefois, ces apports extérieurs sont insuffisants. La plus grande communauté arménienne hors d’Arménie se situe en Russie, tandis que les importantes diasporas de France et des États-Unis sont méfiantes de l’État d’Arménie où la corruption est très importante. Depuis 2008 avec la crise d’Abkhazie et d’Ossetie du Sud, puis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, les États-Unis ont quelque peu délaissé le Caucase qui redevient une sphère d’influence russe. L’Europe tente toutefois un rapprochement, réussi en Géorgie, mais qui est un échec en Arménie : en 2015, un accord de coopération économique est refusé par le Président Serzh Sargsyan. L’Arménie intègre l’Union Economique Eurasiatique, dont Moscou est le centre. La signature de ce nouvel accord entre Arménie et Europe est possible aujourd’hui car elle ne remet pas en cause les acquis russes en Arménie.

Des perspectives malgré tout ?

Bien que l’emprise de la Russie soit extrêmement importante en Arménie, il ne faut pas la sur-estimer non plus. En juillet 2015, la société civile d’Erevan manifeste contre l’augmentation des prix de l’électricité, distribuée par une entreprise russe. S’il ne faut pas y voir une contestation contre le Kremlin directement, la population arménienne n’est pas totalement résignée et peut toujours s’opposer à ce qu’elle trouve injuste. La prise d’otage dans un commissariat par un groupe appelé Sasna Tzrer, critiquant la corruption du gouvernement et l’accaparement des richesses par une oligarchie, a trouvé un fort écho auprès de cette même société civile, obligeant le Président Serzh Sargsyan à changer de Premier Ministre. Enfin, une loi condamnant les violences physiques faites aux femmes devrait être promulguée prochainement, loi largement soutenue par l’Union Européenne. Une loi similaire existait en Russie mais a été retirée sous la pression de fondamentalistes orthodoxes. On constate donc qu’au niveau de la société civile, l’Arménie n’est pas totalement inféodée à Moscou et l’Union européenne n’en est pas absente.

Suite à un changement constitutionnel, l’Arménie a désormais un système parlementaire, limitant (en apparence) les pouvoirs du Président et renforçant ceux du Parlement. Il existe également une forte incertitude sur qui sera le prochain dirigeant du pays. Jusqu’ici, trois Présidents se sont succédés à Erevan : Levon Ter-Petrosyan, artisan de l’indépendance, Robert Kocharyan puis Serzh Sargsyan, tandem de militaires ayant eu un rôle important lors de la guerre du Haut Karabakh (tous deux sont originaires de cette région). Aucun des deux n’est désormais éligible pour un nouveau mandat présidentiel. Le nom de Karen Karapetyan, Premier Ministre depuis 2016, est souvent évoqué comme futur dirigeant arménien. Ce dernier n’a pas de légitimité particulière contrairement à ses prédécesseurs, et devra probablement faire des concessions sur le système oligarchique. Si une véritable démocratisation ne semble pas encore à l’ordre du jour en Arménie, quelques signes  permettent de penser à des changements à long terme.

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